L’Ecole Française d’Agroforesterie est née !

Date
14.10.2022

Ferme Merval Normandie

L’Ecole Française d’Agroforesterie est née ! Elle a déjà fait ses premiers pas en Normandie. La première promotion de onze élèves nous a retrouvés dimanche soir pour être opérationnelle dès lundi matin.

Première visite de ferme chez Philippe Dilard, éleveur laitier et Président de la Cuma « Haies’nergie et Territoires ». Il nous a présenté son parcours, son histoire et ses choix agricoles (agroforestiers pour le coup !).

Philippe Dilard
Bois agroforestier

 

 

Orientations qui l’ont d’abord mené à maitriser ses coûts, ré-introduire des arbres dans une ferme qui en avait encore un peu, aussi bien des pommiers que des clos-masures, ces talus chevauchés de hauts jets. De fil en aiguille et de branche en plaquette, tout un atelier et une Cuma agroforestière se sont développés sur et autour de cette ferme. Une coopérative ambitieuse de 130 adhérents qui met en réseau la ferme de Philippe avec l’ensemble des fermes, avec son territoire et ses chaufferies. Le tout avec une rentabilité énergétique tout à fait pertinente en période de volatilité.

Restait à se projeter un peu plus loin, un peu plus longtemps. Avec le bois d’œuvre agroforestier, le noué, le mal conformé, mais le bien nommé. Apprécié pour ses formes, celles d’un territoire dans lequel le paysan s’imprime dans le bois par ses pratiques et ses interactions au fil du temps. Ces planches aux formes singulières sont aussi appréciées pour l’histoire qu’elles racontent. Et pour renouveller, pour rejouer cette histoire à nouveau, faire vivre ce patrimoine, il faut planter. Planter et accompagner ces arbres, pour les suivants, ceux qui tisseront leur propre histoire, à leur manière.

Seconde visite l’après-midi au domaine de Merval avec Bertrand Cailly, Directeur de l’exploitation du lycée agricole. Bertrand Cailly nous a présenté l’ensemble du système agroforestier de la ferme, de la reprise de l’existant (notamment les vieux alignements de têtards de charme) et la mise en œuvre de nouveaux vergers et les produits transformés, finis : ceux de la pomme et du lait. Premier arrêt auprès d’un beau tilleul qui chapeauta les premiers échanges, entouré de pâtures, de vergers hautes tiges avec quelques bois et d’autres beaux arbres en perspective. Le domaine produit du lait et de la pomme, qui sont transformés sur place. Cette ferme a donc la particularité d’aller jusqu’au bout de la transformation de deux filières.

Vaches normandes dans un champ
au domaine de Merval avec Bertrand Cailly

 

 

Le lait avec un fromage, le Cœur de Neuchatel, première AOP qui a été déposée en Normandie même si ce n’est pas la plus connue. La pomme, quant à elle, est transformée en jus, cidre, pommeau et calvados. Donc, des produits d’exception, qui pour le dernier, comme le bois du tonneau qui l’accompagne, transmet à travers le temps la matière du passé, son histoire, celle de tout ceux qui se projettent dans le temps long. Le temps paysan, celui du sol, de l’arbre, du bois, du calvados. Le temps de longues interactions qui se construisent et se transmettent. Un territoire, un patrimoine vécu et vivant qui se construit autant en se vivant qu’en se transmettant. Et c’est tout le sujet de l’Ecole Française d’Agroforesterie.

Transmettre. Pour former les techniciens animateurs de demain, accompagner les agriculteurs, les territoires, transmettre l’héritage et l’avenir possible de notre agriculture. Tout cela prend du temps, celui des paysannes et des paysans, tout le concret des fermes et des territoires, mais aussi ceux des techniciens et animateurs qui les accompagneront.