Structure
Le FiBL France a été créé en 2017 et fait partie du groupe FiBL, Institut de Recherche de l’Agriculture Biologique qui est basé en Suisse. Le FiBL France a pour objectif de travailler au service de l’agriculture biologique drômoise et du territoire français, en complémentarité avec les structures françaises de recherche et de développement agricole. Un des principaux objectifs du FiBL France est de réaliser des expérimentations de terrain avec et chez des agriculteurs. Les essais sont appliqués et destinés à apporter des solutions pratiques aux producteurs, pour le développement de l’agriculture biologique. En partenariat avec la structure-mère basée en Suisse, le FiBL France développe des thématiques de recherche autour de la santé végétale et animale, de l’agroforesterie, et de la qualité des composts.
Contexte
Dans le cadre des projets de recherche-action PARDESSYM et Agroforesteam, le FiBL France et ses partenaires étudient les systèmes fruitiers agroforestiers en conditions tempérées et méditerranéennes. Dans de tels agroécosystèmes, l’arbre fruitier est accompagné par des arbustes, arbrisseaux et arbres de haut-jet, avec l’objectif de renforcer la robustesse de la culture vis-à-vis des aléas climatiques et des bioagresseurs, d’améliorer la qualité du sol et les services hydrologiques qu’il rend, de fournir des habitats pour les espèces sauvages, et de favoriser la résilience économique des exploitations au travers de la diversification des productions. Au-delà des systèmes agroforestiers tropicaux traditionnels (jardin-forêts
et « homegardens »), des exemples d’initiatives fondatrices sur ce sujet incluent notamment « l’agriculture syntropique » développée au Brésil par Ernst Götsch [1], et en Europe, la « haie-verger » proposée par Evelyne Leterme [2].
Depuis quelques années, de nombreux jardin-forêts et vergers agroforestiers ou syntropiques voient le jour en France et en Europe, dont certains spécifiquement dans une optique de recherche scientifique. Le dispositif GAFAM (Growing Agroforestry For Apple in the Mediterranean), implanté sur le Domaine de Restinclières (Prades-le-Lèz, 34), est composé de pommiers (Dalinette C.O.V. / G202) plantés en 2016 sur les rangs et entre rangs de noyers hybrides (J. regia x nigra), plantés en 1995. Ce verger a fait l’objet de plusieurs études, particulièrement destinées à comprendre la mise en place de l’architecture aérienne des fruitiers en contexte agroforestier [3].
Le FiBL France, en partenariat avec l’UMR Eco&Sols (Christophe Jourdan), l’UMR Agroécologie (Daniel Wipf, Pierre-Louis Alaux, Pierre-Emmanuel Courty) et l’UMR AbSys (Pierre-Eric Lauri), souhaite à présent collecter des données liées aux systèmes racinaires dans ce dispositif expérimental. L’objectif est de mieux comprendre la répartition spatiale des racines des pommiers et noyers, leurs interactions entre elles (équilibre entre compétition et complémentarité) et avec le sol (activité biologique, mycorhization, disponibilité en nutriments). En effet, la manière dont les racines des différentes espèces plantées explorent diverses zones de l’espace souterrain, recrutent des micro-organismes et interagissent entre elles, sont des facteurs cruciaux pour le succès des systèmes agroforestiers complexes envisagés, et peu documentés jusqu’ici.
Le stage proposé par le FiBL France consistera à participer à l’acquisition de données sur le terrain et à en faire l’analyse, en soutien à une thèse de doctorat ayant débuté en janvier 2025, portant sur le fonctionnement des sols et des systèmes racinaires en agroforesterie fruitière méditerranéenne. Les méthodes déployées consisteront à réaliser une « cartographie racinaire » des pommiers et noyers du dispositif GAFAM dans des fosses pédologiques creusées pour l’occasion, en prélevant des échantillons de sol à intervalles réguliers dans différents horizons et à différentes distances des arbres [4]. Les racines prélevées lors de cette opération seront ensuite analysées au laboratoire pour préciser la quantification de leur répartition, et pour y conduire des analyses de taxonomie moléculaire (tests de mycorhization).
Missions
- Etude et synthèse bibliographique ; contribution à l’élaboration des protocoles.
- Collecte de données expérimentales sur le terrain : travail dans des fosses pédologiques, prélèvement de sol et de racines pour analyses en laboratoire (scan et comptage racinaire, extraction ADN pour séquençage).
- Analyse, interprétation des résultats et rédaction d’un rapport.
Profil
- Ingénieur-e agronome ou Master en écologie Bac+4 ou Bac +5
- Aptitude et intérêt pour le travail de terrain
- Sens de la rigueur et de la méthode ; intérêt pour la recherche ; capacité à développer et appliquer un protocole scientifique ; aptitude au travail de recherche bibliographique
- Compétences d’analyse et d’interprétation des données
- Intérêt et connaissances préalables à propos du fonctionnement des sols agricoles et naturels, de l’agroforesterie des arbres forestiers et/ou de l’arboriculture fruitière.
- Compétences rédactionnelles, maîtrise du français parlé et de l’anglais écrit
- Autonomie et capacité d’organisation
Bibliographie
- Jacobi, J., et al., Syntropic farming systems for reconciling productivity, ecosystem functions, and restoration. The Lancet Planetary Health, 2025. 9(4): p. e314-e325.
- Leterme, E., La biodiversité amie du verger. 2014: Editions du Rouergue.
- Pitchers, B., et al., Apple tree adaptation to shade in agroforestry: an architectural approach. American Journal of Botany, 2021. 108(5): p. 732-743.
- Gning, F., et al., Root distribution of Adansonia digitata, Faidherbia albida and Borassus akeassii along a climate gradient in Senegal. Agroforestry Systems, 2023. 97(4): p. 605-615.