La mycosylviculture

Tirer parti de la symbiose champignon-arbre

Morilles cultivées

Pourquoi cultiver des champignons en agroforesterie

Photo prise sur l’exploitation de Mr Jean-François BAUMGARTH dans le Gers (31) en juin 2021. La plantation a 9 ans cette année et fait également office depuis 6 ans de parcours volaille pour les poulets Label Rouge de Mr BAUMGARTH.

Mettre en place et cultiver des champignons en forêt, c’est tirer parti d’un environnement adapté à l’autécologie des champignons. Les sols forestiers abritent une multitude d’organismes vivants (communautés fongiques, bactériennes, macrofaune, microfaune…) qui vivent en synergie et forment un équilibre complexe.

Les avantages des vergers à champignons sont pluriels : meilleure résilience au changement climatique et optimisation des ressources naturelles disponibles.

Le champignon fonctionnant comme une éponge, le milieu de culture doit être sain afin de produire des denrées consommables.

Les vergers à champignons permettent enfin de valoriser des parcelles en voie d’enfrichement ou difficilement mécanisables pour l’exploitation du bois.

Truffière

Produire des champignons comestibles

Il est aujourd’hui possible de cultiver des champignons agroforestiers au champ et en sous-bois, par la plantation d’arbres mycorhizés à un stade juvénile. La mycorhization contrôlée rend possible la production de champignons comestibles tout en améliorant la survie des plants forestiers et leur croissance. A ce jour, principalement trois espèces de champignons sont concernées par ce procédé : les truffes, les bolets et les lactaires. Dans le futur, d’autres champignons comestibles pourront être testés tels que les cèpes nobles, l’oronge ou encore la chanterelle.

La mycosylviculture permet de répondre à des enjeux sociaux, environnementaux et territoriaux : approvisionnement du marché en champignons locaux et de qualité pour la restauration et les magasins spécialisés, diversification des activités agricoles et forestières par l’introduction d’une culture à haute valeur ajoutée améliorant la résilience économique des fermes, génération d’emplois dans les territoires, etc.

Comment mettre en place un verger à champignons ?

Un verger à champignon peut être installé à partir d’une parcelle forestière adulte ou lors d’un boisement de terrain agricole. Les recommandations varient en fonction du type de peuplement (futaie de chêne, taillis de frêne, pessière par ex.) et de l’objectif de l’exploitant.

Tout projet de mycosylviculture doit également répondre à des objectifs agronomiques généraux, communs à tous les vergers à champignons : éviter le tassement des sols et la destruction de l’horizon superficiel, pouvant endommager les réseaux mycéliens. Une étude menée par l’INRAE Nancy a montré que les éclaircies favorisent la diversité des champignons ectomycorhiziens et l’importance des échanges nutritifs arbre-champignon.

L’implantation d’un verger à champignons peut prendre de nombreuses formes. Il peut être mono ou plurispécifique (une ou plusieurs espèces d’arbres et/ou de champignons) et être éventuellement associé à un élevage ovin, caprin ou avicole. La durée du cycle de production peut varier de 1 à 10 ans en fonction du type de champignon choisi. Dans tous les cas, ce type de production est très dépendant des aléas du milieu (climatiques, pédologiques), ce qui rend son succès parfois incertain.
Alors que les vergers à champignons à base de morilles sont installés en forêt et requièrent souvent un défrichement partiel, c’est le procédé inverse qui convient le mieux à la production de lactaires, de truffes et de bolets : le boisement d’un terrain agricole. Les arbres plantés sont inoculés avec leur partenaire fongique via un procédé de mycorhization contrôlée.

Les champignons, de précieux auxiliaires de croissance

La symbiose mycorhizienne est une association à bénéfices réciproques entre champignons et racines, dont la première apparition date d’il y a 450 millions d’années. Cette association, qui concerne aujourd’hui plus de 85% des plantes terrestres, facilite grandement le développement de la vie végétale dans de nombreux types de milieux, y compris ceux abritant les conditions de vie les plus hostiles. Les champignons mycorhiziens :

  • Améliorent la nutrition trophique et hydrique de la plante par extension de leur système racinaire, en augmentant la capacité d’absorption en azote (N), phosphore (P), cuivre (Cu), zinc (Zn) et eau.
  • Protègent les plantes des pathogènes et des potentielles perturbations extérieures par la synthèse d’antibiotiques, de tanins et de phytohormones.

Certains champignons ont des exigences écologiques strictes et sont de très bons bioindicateurs du milieu forestier et agricole qu’ils occupent : nature du sol et du milieu, niveau de maturité et composition végétale du peuplement. Ceci peut être une aide dans la caractérisation des peuplements forestiers et des parcelles agricoles, permettant d’orienter au mieux les pratiques.

Qu’ils soient symbiotiques, saprotrophes ou parasitaires, les champignons participent fortement à la richesse et au maintien de la biodiversité sylvestre et sont indispensables à la bonne santé des peuplements forestiers, d’où l’intérêt croissant porté à la mycosylviculture.

Champ de blé