Le sylvopastoralisme

Agroforesterie et élevage, un système aux bénéfices multiples

Le sylvopastoralisme, entre tradition et modernité

brebis dans un champ

Le sylvopastoralisme consiste en la conduite d’élevages ovins, bovins, caprins ou encore porcins sous couverts arborés. Les élevages de volailles peuvent également être concernés par cette pratique dans le cadre de parcours volailles sous forêt.

La pratique multimillénaire du sylvopastoralisme a fortement décliné depuis quelques décennies, malgré ses avantages reconnus en termes agronomiques et environnementaux. Ce déclin s’explique par l’intensification de l’agriculture, à l’origine du développement de systèmes d’élevages de plus en plus intensifs en prairie, puis de systèmes hors-sols.

Le sylvopastoralisme regagne actuellement du terrain et représente une solution aux problèmes éthiques et environnementaux posés par l’élevage : amélioration du bien-être animal, dépollution des sols et protection des nappes phréatiques, amélioration du bilan carbone des activités d’élevage, entretien des espaces boisés (résilience aux incendies  et au changement climatique), affouragement et diversification des productions agricoles et forestières.

Le sylvopastoralisme : outil d’aménagement de l’espace

Le pâturage des espaces boisés permet d’entretenir et de valoriser le milieu forestier. La végétation inflammable est consommée par les animaux et permet de prévenir les incendies. Cette pratique pérennise des paysages durables et des pratiques agricoles durables, tout en maintenant des espaces ouverts. L’ouverture du milieu est favorable aux essences ayant besoin d’un ensoleillement important et permet la fructification de champignons sylvestres tels que les Cèpes et les Lactaires. Ces champignons constituent des produits agroforestiers d’un autre genre, parfois cultivés au sein de vergers à champignons.

Le sylvopastoralisme pour une diversification des revenus et des activités agricoles

Le sylvopastoralisme soutient le développement agricole durable des territoires en augmentant la mise sur le marché de produits forestiers (bois de chauffage, sciage…) et agricoles (viande, lait, fromage, laine…), tout en jouant un rôle dans le développement d’un secteur touristique dynamique : les activités rurales sont maintenues et favorisées.
Au niveau local, les partenariats entre éleveurs et propriétaires forestiers engendrent une augmentation des performances économiques : le propriétaire forestier peut toucher un revenu tout en bénéficiant d’un entretien régulier de ses parcelles, lui permettant de diminuer le coût de ses interventions. L’éleveur, quant à lui, bénéficie d’une ressource fourragère complémentaire qu’il obtient des espaces ouverts. Le système global devient moins émetteur de gaz à effet de serre et plus résilient.

L’arbre au service du bien-être animal

Les arbres apportent de l’ombre aux animaux, qui vont alors moins utiliser d’énergie pour leur thermorégulation et plus pour leur développement corporel. L’avantage pour les éleveurs est conséquent : les indices de consommation augmentent et la mortalité diminue. L’arbre diminue également le stress des animaux et les protège des intempéries tout en apportant un fourrage plus diversifié à l’année.

Les contraintes techniques et réglementaires des systèmes sylvopastoraux

Cochons sous les arbres

Un système sylvopastoral mal dimensionné et mal géré peut avoir des effets néfastes sur la production. Le chargement (nombre d’animaux/hectare) ainsi que le calendrier de pâturage doivent être bien définis. Les arbres juvéniles doivent être protégés du bétail et la planification des coupes d’arbres doit être bien étudiée pour ne pas engendrer des sur-prélèvements impactant les performances du système.

Les réglementations doivent être connues car elles peuvent parfois rendre difficile la mise en place du sylvopastoralisme : le pâturage en forêt est interdit pendant 10 ans après un incendie (Art. 322-10 du code forestier) et tout pâturage en forêt de protection est soumis à autorisation (Art. 412-13 du code forestier).

Au sein d’un peuplement en régénération ou après reboisement, la pratique sylvopastorale doit respecter certaines zones de mise en défend pour ne pas être considérée comme un défrichement.

Enfin, elle doit être en accord avec les documents de gestion durable de la forêt tels que les schémas régionaux de gestion sylvicole (SRGS) et les schémas régionaux d’aménagement (SRA) lorsqu’elle y est mentionnée : à ce jour, le sylvopastoralisme est particulièrement facilité en régions Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Occitanie et Corse.